Témoignages
Vous qui allez me lire, moi aussi, je faisais partie d'une grande majorité d'êtres humains qui ne savait pas qu'il existait une association comme JALMALV. Mais dans ma tête, une recherche s'effectuait pour savoir ce que je pourrais faire pour les Autres, donner aux Autres. A la lecture d'un article dans un petit journal, j'ai découvert ce qu'est JALMALV et ai tout de suite compris que c'était la réponse à ma recherche. Après avoir suivi une formation, cela fait bientôt quatre mois que j'accompagne dans une unité de soins palliatifs.
Que de satisfactions, que de joies intenses, que d'émotions, que de transmissions,
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- lues dans les yeux de l'Autre, ressenties dans la main qui vous serre et ne vous lâche pas
- entendues dans la parole de l'Autre qui a besoin de ne pas être seul
- vues dans l'Autre le sentiment qu'il est une personne et non pas un numéro de chambre !......
Il y a de bons moments, d'autres difficiles, mais dans l'ensemble, ces Autres en fin de vie sont très touchées, très contentes et demandeuses que l'on puisse les aider un peu à partir le plus en paix possible.
Alors ! Vous qui m'avez lu, n'attendez pas, venez nous rejoindre, l'Autre vous attend.
ALBERT, Bénévole accompagnant
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Témoignage audio France Culture - Sur les docks, émission d'Irène Omélianenko du 12/12/2014
A l’écoute, un regard : les écoutants bénévoles, un documentaire de Stéphane Bonnefoi et Diphy Mariani
Pierre Reboul est écoutant bénévole à l'association Jalmalv de Grenoble. Depuis bientôt 20 ans, il écoute les personnes seules qui cheminent vers la mort. Il s'écoute aussi. Beaucoup. C'est là sa discipline de vie.
Ce documentaire se place résolument du côté de l'écoutant (et non du malade). L'incroyable capacité d'accueil de Pierre est une chose presque insensible qui se joue certes dans les mots, mais surtout dans le silence et le regard, les gestes ou la tenue vestimentaire (« je ne porte jamais de vêtements noirs »). Comme si ce trop plein de deuils raffermissait son désir de vivre. Il parle de ses écoutes comme de « greffes de vie ».
Ils sont actuellement 5000 en France et si l'altruisme semble dicter la conduite de ces bénévoles pas comme les autres, les motivations secrètes, inconscientes, sont littéralement « traquées » par la psychologue de Jalmalv, Claire Pinet, notamment grâce à un groupe de parole .
On ne devient pas écoutant pour se réparer soi-même, même si la tentation est grande. La première question que pose Claire à ceux que la fonction attire est d'ailleurs sans équivoque : « quel sera votre salaire ? ». Les écoutants répondent sans fard.
"Mme L, vénérable dame de 96 ans, visage fin, doux et harmonieusement ridé, tout auréolé de beaux cheveux blanc m’avait été confiée pour un accompagnement. Elle était en phase terminale d’une « longue maladie » comme le disent les journalistes …
On pouvait lire beaucoup de résignation dans ses yeux et un peu de tristesse, son petit châle bleu ciel jeté sur ses frêles épaules, toute menue, chétive, elle semblait un peu perdue dans son lit.
Quand elle me vit son visage s’éveilla un peu, nous fîmes un peu connaissance, mais je n’arrivais pas à savoir quel était ses centres d’intérêt, tant elle semblait avoir pris beaucoup de recul face à sa vie « avant »…
Elle ne semblait pas vouloir parler, ni d’elle, ni de sa maladie, ni de ce qu’elle vivait alors.
Un peu perplexe, je lui demandai son âge, et lui ai fait la remarque, qu’elle avait traversé le siècle dernier avec des modes de vie différents d’actuellement, subi la guerre, et bien d’autres choses ; avait-elle eu l’opportunité de voyager ?
Tout à coup, son visage s’éclaira, elle se mit à me raconter ses voyages de plusieurs semaines pour se rendre avec son père, ingénieur aux chemins de fer, il était en charge de tracer et de construire des lignes de chemin de fer dans différents pays d’Afrique.
Au fur et à mesure de nos rencontres, elle était très contente de pouvoir se raconter, son état général déclinait de plus en plus, elle ne s’alimentait pratiquement plus ; ce qu’elle aimait, c’était une « bonne tasse de café bien chaud et un biscuit », aussi quand je me rendais dans sa chambre, nous partagions ce moment de « dégustation »…
Au fur et à mesure de nos rencontres, elle a longuement parlé de son enfance, puis a commencé à se dévoiler un peu sur ce qu’elle vivait, aujourd’hui.
Elle me confia qu’il lui arrivait de redouter la fin de nuit car elle était souvent prises de fortes douleurs dans le ventre, à mon grand étonnement, elle n’appelait pas la veilleuse « pour ne pas la déranger, « la douleur !! Elle en avait connu d’autre … » (après l’avoir signalé aux infirmières, le médecin a augmenté les doses d’antidouleurs le soir, ce qui lui a permis de passer des nuits « complètes ».
Elle s’en est allée doucement, sereinement, dans la matinée du lundi, sa nièce qui habitait le sud de la France était venue lui rendre visite le week end.
Ce fut un accompagnement des plus paisibles et « vivant, en même temps », que j’ai pu vivre;
Merci Madame L."
Véronique, bénévole accompagnant Jalmalv-Marne
« Cela fait pratiquement presque 20 ans que j’effectue des accompagnements de personnes en fin de vie. A chaque fois une nouvelle rencontre, une nouvelle découverte, une nouvelle émotion, de nouveaux échanges. Certains ont été très riches, d’autres plus discrets, chacun n’a pas nécessairement l’âme à s’exprimer sur le ressenti de ces moments-là. J’ai même rencontré de véritables ermites reclus sur eux-mêmes, qui leur vie durant s’étaient renfermés sur eux-mêmes, de par leur fragilité ou de leur essence même.
Qu’importe, mais à chaque fois quelques soit le patient, des instants partagés avec beaucoup d’humilité, avec de l’étonnement souvent lors de ma première visite, mais toujours le respect, le vrai, l’absence d’hypocrisie. Cette sincérité vient je crois d’abord de notre statut de bénévole. Le malade dans ces moments de fin de vie, se retrouve souvent seul. Les familles sont dispersées, éclatées, voire reconstituées, les amis plus ou moins présents (ou absents), ne reste que le personnel soignant très souvent attentif aux besoins du malade.
Ce regard du malade vis-à-vis du personnel médical, effectué très souvent avec beaucoup de professionnalisme, n’est considéré par celui-ci que normal puisqu’il est payé pour cela. Le statut du bénévole donne au malade un regard tout à fait bienveillant à ce bénévole. Le malade dans sa solitude et sa détresse, ressent l’activité du monde extérieur, et considère ce bénévole comme le représentant de ce monde extérieur et de la société civile qui partage ainsi sa souffrance avec lui.
Même si tous les accompagnements ont quelque chose de singulier et de personnel, certains pourtant m’ont marqués particulièrement. »
Patrick, bénévole accompagnant Jalmalv-Marne
La suite des témoignages de Patrick dans le document ci-après: